La République des Guignols a perdu la côte

L'UMP s'offusque depuis la parution de ces chiffres : les français " refuseraient de comprendre ou d'admettre que le chef de l'Etat " serait selon eux, " innocent face à la crise qui frappe notre pays et nos concitoyens".
C'est ainsi qu'ont réagi benoîtement les porte-paroles de l'UMP.
Ils n'y comprendraient rien à rien ces bougres, ces sots personnages de français. Trop bêtes sans doute comparativement à leurs chères élites.
Et Sarkozy serait dans l'affaire un espèce d'archange drappé dans son blanc linceul, icône de l'innocence et auréolé de pureté en quelque sorte : un véritable martyr des temps modernes.
S'il y a pourtant une chose qui doit faire sursauter sur son siège, c'est bel et bien le fait de découvrir qu'il y'a encore 37% d'individus confiants dans la présidence ! ... Plus d'un tiers de la population ! Tout une troupeau de Panurge bêlant à souhait ! En chair et en os ! Attendant la saison de la tonte où on les mènera en pâture !
5% de déficit du PIB dans 2 ans, une participation active dans l'euromondialisme dévastateur qui a ruiné les nations européennes, 1 millions de chômeurs en plus, une dette de 2000 milliards n'y suffiront pas : on peut même se demander si les privations ou le retour aux tickets de rationnement pour acheter son lait ou son beurre finiraient par les convaincre ?!
S'il venait à y avoir quelque rafle d'opposants au régime, ils en danseraient le menuet.
Est-ce la manipulation mentale orchestrée par les médias, le 4ème grand pouvoir après l'éxécutif, le législatif et le judiciaire et ne disposant pas encore de contre-pouvoir comme toute démocratie l'exigerait ?
Ou serait-ce encore le reliquat d'un esprit soixante-huitard que le protagoniste se proposait de "liquider", ayant inculqué le goût du masochisme et le plaisir béat de l'auto-flagellation à l'occidental repentant ?
S'il y a quelque chose tout aussi extraordinaire qu'effroyable, c'est bien de constater que 53% de votants ont donné un bâton pour se faire battre en mai 2007, placé dans les mains de celui qui depuis 2002 incarnait pourtant le mieux la gouvernance UMP avec son lot d'échecs et de désillusions.
Que croyaient-ils sérieusement qu'il en fasse ?
"Un bâton pour battre" justement, le même que Guignol dans son théâtre, supplanté un siècle après par Sarkozy à l'Elysée, grandguignolesque au possible.
Pour répondre aux commentaires navrants et pathétiques de l'UMP sur la non responsabilité de Nicolas Sarkozy dans la crise, il y a sans doute beaucoup plus d'innocence dans un Colonna planqué dans son maquis corse que dans un Sarkozy nous expliquant "C'est pas moi, j'ai rien fait".
A bon entendeur pour les européennes de juin 2009.
L. Vittoz